Espaces verts : des définitions multiples
Les travaux concernant les espaces verts sont nombreux, notamment en milieu urbain. Dans la littérature, on constate que la définition donnée à ces espaces varie d’une discipline, d’un auteur, ou encore d’une étude à l’autre, et il ne semble pas y avoir de définition arrêtée, commune et acceptée de tous, sur ce que représente un « espace vert ».
En 2017, l’OMS donne la définition suivante : « ensemble des terrains couverts par une végétation de toute nature. Il s’agit de la végétation des terrains privés et publics, indépendamment de leur taille et de leur fonction, et peut également comprendre de petits plans d’eau tels que des étangs, des lacs ou des cours d’eau ».
La définition suivante est proposée par Swanwick et al. (2003) : « Terrains constitués principalement de surfaces non scellées, perméables et molles, telles que la terre, l’herbe, les arbustes et les arbres ».
Schipperijn et al. (2010) définissent les espaces verts comme étant des « espaces ouverts appartenant au secteur public et accessibles au public, avec un degré élevé de couverture végétale, tels que les parcs, les forêts et zones naturelles. Ils peuvent avoir un caractère aménagé ou planifié ainsi qu’un caractère plus naturel ».
Dans son étude sur l’association entre la sécurité perçue et la fréquentation des espaces verts urbains, Bourguignon M. (2020) définit ces espaces comme suit : « espace public ou privé, situé en plein air, accessible à tous, sans frais ni autre restriction d’entrée. La zone doit pouvoir être utilisée de l’intérieur et comporte au minimum un élément végétal (arbre, buisson, pelouse, bac de fleurs, etc.) ».
Dans le cadre de l’actualisation du PCDN de la ville de Liège, l’Unité Biodiversité et Paysage de Gembloux Agro-Bio Tech (Lebeau J. et Mahy G., 2016) explique qu’un espace vert est « un espace non minéralisé accessible au public ». Dans ce sens, ces auteurs excluent les espaces publics comme des places qui comportent des arbres et dont le sol est artificialisé par du béton, de l’asphalte ou des pavés.
Dans le cadre de l’élaboration d’un indicateur de proximité aux espaces verts, s’intégrant lui-même dans l’alimentation d’un indicateur global de conditions de bien-être, l’IWEPS définit l’espace vert public comme étant un parc urbain ou un milieu naturel d’au moins 5 hectares.
Nous avons également interrogé la Cellule Paysage et Nature du SPW (Direction de la Nature et des Espaces verts). La définition qu’ils utilisent est la suivante : « Un espace vert public est un espace non construit à dominante végétale pouvant inclure un ou plusieurs points d’eau, accessible et ouvert à tous, situé sur le domaine public. Cet espace ne doit pas faire l’objet d’appropriation par un groupe social et doit s’adapter à la diversité des usages que l’on peut en faire (loisir, récréatif, détente, pédagogie, espace structurant, cadre de vie, etc.) ».
Afin de définir la notion « d’espace vert », les auteurs emploient donc divers éléments, qu’ils partagent ou non dans leur définition. Le caractère naturel de l’espace et les éléments associés, sont très souvent repris dans les définitions. Le caractère public et l’accessibilité de l’espace diverge selon les auteurs, un espace vert est parfois considéré comme un lieu public uniquement alors que pour d’autres, ce n’est pas une condition nécessaire. Des usages spécifiques de l’espace sont parfois cités. Par exemple, Swanwick et al. (2003) précisent l’usage récréatif des espaces verts.
Verdurisation des espaces...
La verdurisation est un terme déjà utilisé depuis plusieurs années et peut être définie comme une implantation volontaire de la nature en zone urbanisée sous toutes ses formes végétales (Etopia, 2010[1]). Afin d’augmenter les surfaces végétalisées, plusieurs pistes peuvent être exploitées : plantations d’arbres, arbustes, toitures et murs végétalisés, jardins pédagogiques, vergers, cabanes végétales pour ne citer que les principales.
... extérieurs des écoles
En Wallonie, des cours de récréation ont déjà été aménagées afin d’y faire entrer la nature. Trois campagnes « Ose le vert, recrée ta cour » ont été lancés depuis 2016 dans le cadre du Réseau Wallonie Nature, portées par GoodPlanet Belgium en partenariat avec Natagora et la coopérative Cera. Pour ces trois appels à projets, les écoles maternelles et/ou primaires de Wallonie ont introduit près de 1000 candidatures, et ce sont un peu plus de 400 écoles qui ont pu être sélectionnées[2]. Les objectifs visés par ces campagnes sont multiples : sensibiliser les enfants et les (re)connecter à la nature et aux cycles des saisons, créer des réservoirs « relais » de la biodiversité assurant le maillage écologique, construire des supports pédagogiques, créer des espaces rafraîchis, plus agréables à vivre, des espaces de convivialité et mieux partagés par tous.
En France, le projet « Cours Oasis » prend de l’ampleur. Ce projet fait partie de la stratégie de résilience de Paris adoptée en 2017. La cour de récréation est reconnue comme un microcosme social dont l’aménagement et l’usage peuvent véhiculer des valeurs citoyennes telles que le respect des autres, l’égalité fille-garçon, le respect de l’environnement et le vivre ensemble[3]. Les réaménagements des cours sont menés de manière à ce qu’elles puissent être utilisées de nouvelles manières : usage pédagogique, espace de classes en extérieur[4], nouvelles activités sportives, partage de l’espace pour que chacun trouve sa place. Le sol peut également faire l’objet d’une attention particulière en vue de le faire participer à une meilleure gestion de l’eau de pluie. Il arrive qu’en dehors des temps éducatifs, ces cours soient ouvertes aux habitants : refuges en cas de fortes chaleurs[5] ou de manière ponctuelle, pour des activités ouvertes aux habitants organisées en vue de proposer de nouveaux espaces pour se rencontrer, partager et échanger. Ces projets de verdurisation sont également reconnus comme une opportunité d’impliquer les gens dans la Transition (Réseau Transition, 2019) : ils constituent un cadre ouvrant la possibilité d’engager les élèves, les équipes pédagogiques et les villageois dans une démarche active en faveur du climat, de renouvellement des usages et des pratiques par une relation régulière et durable avec des espaces naturels et partagés (Projet Oasis, 2018).
Trois principes d’aménagement sont précisés dans le projet « Cours oasis » :
- Diversification des espaces afin de permettre à chacun de trouver sa place : diversité des matériaux, de sols, d’aménagements ;
- Place centrale laissée à la nature pour ces incidences environnementales, pour le bien-être et les perspectives de renouvellement des pratiques pédagogiques en extérieur : végétalisation massive, présence de l’eau et matériaux naturels ;
- Sobriété pour respecter l’environnement et préserver les ressources : une logique « low-tech » est privilégiée (réutilisation des matériaux, simplicité des aménagements, emploi d’éco-matériaux, fabrication locale et participative, etc.)
En Flandre, il semble que la végétalisation des espaces scolaires entreprise par certaines écoles soit très ambitieuse. A Anvers notamment, des cours végétalisées servent d’ailleurs d’exemples dans le cadre du projet Oasis. Dans ces projets de végétalisation, tout est fait pour que le bitume ne soit présent qu’en des lieux de passages, soit quelques chemins. Les cours rénovées proposent davantage de végétation mais aussi des points d'eau et une meilleure gestion de l’eau de pluie.
L. Nielsen, conceptrice de terrains de jeu à Copenhague, explique que les freins à la propagation de ce type d’extérieur dans les écoles sont l’entretien qu’ils peuvent nécessiter et la crainte de mettre à mal la sécurité des enfants. Pour elle, la question de l’entretien peut être traitée facilement par le biais de la participation des parents de l’école qui peuvent offrir leurs bras et leurs temps. Keuninckx (2019) signale que la verdurisation est un enjeu cher au habitants. Que les espaces verts offrent l’opportunité d’associer les citoyens, tant dans leur conception que leur mise en œuvre et/ou leur gestion. Par ailleurs, ces espaces verts peuvent être laissés sauvage et ne nécessitaient que peu d’entretien. Reste à sensibiliser les adultes pour lâcher prise sur le désherbage.
A l’EcoHuis à Anvers, deux experts, Ben Walschaerts, conseiller en prévention de l’enseignement officiel anversois, et Koen De Martelaere, contrôleur externe des aires de jeu (Kinderspel asbl), démontrent que les aires de jeu vertes sont moins dangereuses que les cours de récréation minérale. Ils font état des aménagements qui sont permis dans les cours de récréation en section primaire[6]. A propos de la sécurité, ils expliquent l’état d’esprit dans les pays nordiques consiste à dire que le risque est présent partout, avec ou sans tas de pierres à escalader et que les enfants apprennent mieux à prendre des risques mesurés dans un environnement riche et ouvert.
Mettre en contact l'enfant avec la Nature : une pratique qui s'intègre entièrement à l'Education relative à l'Environnement (ErE)
L’éducation relative à l’environnement vise à former des jeunes et des adultes afin que, tout au long de leur vie, ils cherchent à s’informer, à comprendre et enfin à participer aux débats et aux initiatives qui vont dans le sens d’une gestion durable des ressources et d’un monde solidaire et équitable.
La Wallonie finance trois réseaux clés en ErE :
- le Réseau IDée qui diffuse une information pédagogique aux acteurs de l’ErE
- le Réseau Eco-Consommation qui répond aux questions des consommateurs afin qu’ils acquièrent des comportements de consommation plus respectueux de l’environnement et de la santé
- le Réseau des CRIE qui propose des animations scolaires, des activités à vivre en famille, des formations…
Cadre légale de l'ErE DD : Enseignement.be - ErE DD : Cadre légal
D'autres références moins récentes
[1]Article écrit par C. de Laveleye disponible sur le site d’Etopia : VERDURISATION | Etopia
[4] A Strasbourg, des arbres fruitiers sont plantés dans certaines cours d’écoles. D’autres sont parfois transformées en espace vert ensauvagé où les enseignants pratiquent l’école du dehors tous les jours.
[5] En milieu urbain, les cours végétalisées sont une réponse à l’augmentation prévue de la température moyenne et des jours de canicule annuels. Représentant plusieurs dizaines d’hectares de surface et réparties de manière homogène sur le territoire parisien, elles ont été identifiées comme des leviers importants. Ainsi, à Paris, elles sont apparues dans le cadre de la stratégie de résilience de Paris adoptée en 2017.