La coopération est depuis longtemps un facteur clé du développement de l’agriculture. Elle se manifeste notamment dans l’organisation des circuits économiques de distribution et de consommation des produits agricoles et évolue au fil du temps pour s’adapter aux réalités des agriculteurs. La création des CUMA a, par exemple, donné un regain d’intérêt aux sociétés coopératives. Les activités de diversification en agriculture (vente directe, transformation et commercialisation à la ferme, énergie verte, etc.) ont également donné une impulsion nouvelle au mouvement coopératif dans le secteur. Ainsi, le nombre de coopératives agricoles wallonnes est en augmentation significative depuis plusieurs années, mais reste toutefois l’un des plus faibles d’Europe (FWA, 2012). Ainsi, la FWA explique qu'"en Wallonie, l’esprit coopératif, contrairement à la France ou à d’autres parties du monde, a plus de mal à percoler…" .
Ces dernières années, le modèle coopératif a toutefois le vent en poupe en Belgique. A titre d’exemple, W.Alter (anciennement Sowecsom), le partenaire financier de l’économie sociale et coopérative en Wallonie, a financé 82 nouvelles coopératives ces 5 dernières années contre 64 coopératives sur l’ensemble de ses 20 premières années d’activité (FWA, 2021).
Le renouveau coopératif belge s’opère également dans bien d’autres secteurs les plus divers (Van Opstal, 2008) mais reste toutefois très concentré dans trois grands secteurs d'activité : l'agriculture, la distribution pharmaceutique et le secteur financier. L'agriculture regroupe environ trois cinquièmes de l'ensemble des sociétés coopératives agréées : criées horticoles, coopératives laitières ou céréalières, coopératives d'utilisation du matériel en commun (CUMA) et fédérations ou regroupements d'agriculteurs (CES ULg, 2010). En outre, d’après un sondage réalisé par l’agence bancaire Crelan (2011), 35% des agriculteurs wallons et 22% des agriculteurs flamands se sont déjà associés dans le cadre de leurs activités professionnelles.
Les instances européennes encouragent les formes de coopération pour faire face aux instabilités du marché. La structure coopérative est notamment promue pour améliorer la compétitivité et renforcer la viabilité de l’agriculture. Le travail en commun permet certes la réalisation d’économies d’échelle, l’obtention d’un meilleur rendement des investissements consentis, mais au-delà, peut amener une réelle amélioration de la qualité de vie des exploitants en partageant leur charge de travail, ce qui dégage du temps libre. En outre, la coopération peut permettre de faciliter l’accès des jeunes agriculteurs (issus ou non de l’agriculture) au capital agricole, renforcer les liens sociaux, développer l’économie locale et améliorer la pérennisation des productions en les valorisant au sein de la chaîne alimentaire. Le fait de soutenir un large éventail de formes de coopération et de bénéficiaires (des petits aux grands opérateurs) peut contribuer à la réalisation des objectifs de la politique de développement rural en aidant les opérateurs dans les zones rurales à surmonter les désavantages économiques, environnementaux et autres de la fragmentation (ADE, 2013). Dans ce sens, si la coopération est au cœur du secteur agricole depuis bien des années, il semble qu’elle en soit également un élément d’avenir.
D'autres références bibliographiques moins récentes :